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Prose du dimanche
Miura Kana
Miura Kana
Jônin d'Iwa
Messages : 40
Date d'inscription : 02/08/2020

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Grade: Jônin
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Jônin d'Iwa
« Ne te fâche pas Akeno. » J'ai tué beaucoup d'hommes. « Ça ne sert à rien. » J'ai pourfendu des légions entières. « Ce n'est que partie remise. » Non !

« J'en ai assez d'entendre ces foutaises. » Je suis né avec un sabre entre les mains.

Je me souviens encore, la première fois que papa m'a donné un bokken, son bokken ; un katana de bois pour que je puisse m'entraîner. Comment en un an je suis passée d'une simple néophyte à une experte, comment en quelques années je suis devenue une bretteuse invincible ; avec le sharingan, l'œil de la guerre, j'arrive à voir l'indécelable, les feintes n'ont pas de secret pour moi, chaque hésitation me saute aux yeux, je peux lire mes adversaires comme des livres. J'ai vingt-deux ans, je suis une duelliste accomplie et même aujourd'hui, mon simple nom suffit à instiller la peur chez nos amis. Ils nous craignent autant qu'ils nous respectent, parce que nous nous sommes illustrés sur le champ de bataille. J'ai déserté mon clan parce que j'aspirais à autre chose qu'une vie de violence et de sang, et ça Nakai, tu me l'as offert.

Et maintenant, sous prétexte d'un sacrifice stupide, je devrais l'abandonner? Sous l'excuse d'un vague idéal pacifiste, je dois l'abandonner alors que j'ai toutes les cartes en main pour faire une boucherie? Apprendre à mon clan que même-eux, doivent me craindre.

C'est toi, le marionnettiste des sables qui m'a un jour dit, « non, je ne veux pas me battre, il n'y aucune raison. » En pleine anarchie des seigneurs de guerre, tu m'as tendu une main ouverte alors que je te donnais un poing fermé et aujourd'hui tu voudrais que je t'abandonne ?

« Je refuse. » Ma voix se transforme en un feulement enragé. « Je refuse de te laisser mourir sous un prétexte idiot. C'est mon clan, ils viennent me chercher, le moins que puis-je faire est de me battre à tes côtés. » Le clan Uchiha, un clan que j'ai renié.

Aujourd'hui, ils ne veulent pas me ramener, ils veulent ramener mes yeux, faire en sorte que le sharingan ne quitte jamais le clan. Que personne ne puisse jamais quitter leur secte au prétexte que leur héritage est plus précieux que la vie elle-même.

« Nakai ! » Ma voix peine à le ramener à la réalité. Notre réalité.

Je pourrais utiliser mes yeux pour lui lancer un sort, pour en faire mon esclave le temps d'une heure, le temps que nous prenions la fuite ou au contraire, que nous combattions ici même, dans cette clairière. Pour que nous fassions ensemble notre baroud d'honneur, parce que nous sommes un binôme, nous avons juré de nous protéger et de rester uni quoiqu'il arrive, au mépris de tous les dangers. Si je l'abandonne aujourd'hui, de quoi ai-je l'air ? Je trahirais ma parole pour quelques jours de plus ? Pour une autre escarmouche qui se soldera invariablement par ma mort ? Face à un autre commando envoyé par le clan ? Mourir plus tard, pour grappiller quelques précieuses journées à vivre en bandit ? À pourfendre tous ceux qui se mettent en travers de mon chemin ? Non !

Je refuse cette réalité sans lui.

« Nakai, regarde-moi ! » Mais il est déjà loin.

Ses yeux bleus se plantent dans les miens, blondin a un sourire résigné. Je le sais, je n'ai pas besoin d'utiliser mes pupilles rouges pour deviner ses sentiments, il est crevé de trouille à l'idée de mourir seul. Je me rapproche de lui, pour l'embrasser une dernière fois, mais même ça, le destin me le vol ; il se recule brusquement pour tousser dans sa manche, un long filet rouge épais se répand dans le creux de son coude. Même ça putain ! La peste est en train de me le voler ! Mon dernier moment avec lui, je le passe impuissante, à le voir cracher ses poumons.

On s'est enfui ensemble, pour faire notre chemin loin des guerres, pour essayer d'effacer une existence précédente et se refaire une vie ailleurs, sous un autre nom. Pourtant, l'anarchie arrive partout, les seigneurs de guerres détruisent tout sur leur passage et même-là, nous avons dû nous battre et révéler qui nous étions vraiment. Des ninjas, des armes mortelles qui vivons et mourrons par les armes. Nous avons essayé de briser le cycle, ça n'a pas fonctionné. Aujourd'hui encore, nous devons y faire face et il veut que j'essaie encore, pendant que lui donne sa vie pour moi. C'est une offrande que je ne peux pas accepter, je rejette toutes ces possibilités, plutôt mourir avec lui que de fuir encore pour rien.

« Nakai...

-Je sais Akeno. » Il secoue la tête dépité. « Je sais que je te demande beaucoup, mais dans tous les cas, nous ne faisons que retarder l'inévitable. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour moi. » Ses yeux se détourne de moi, honteux. « Cela va faire un an que je me traîne cette maladie, chaque jour je perds un peu plus mon souffle. Même si nous nous en sortions tous les deux, ça ne m'achèterait que quelques mois tout au plus. J'ai déjà fait une crise, je suis resté une semaine à peine consciente. Je sais de quelle manière ça va se finir. » On trouvera un médecin, il y en a d'autres. On en a vu un paquet et ça n'a rien donné, on en verra encore, deux fois plus s'il le faut, mille fois plus. Toute chose à son contraire. « S'il te plaît, je suis condamné à mourir. Je préfère que ma fin soit aujourd'hui, à faire quelque chose d'utile plutôt que dans six mois, crevé de fièvre dans un lit. Au moins, le dernier souvenir que tu auras de moi, à défaut d'être heureux, sera digne.

-Je m'en moque, je préfère une dernière image indigne et dix fois plus de souvenirs heureux, qu'une mort digne en sachant que j'aurais pu l'éviter.

-Tu parles comme si nous avions nos chances. Deux contre six, c'est absurde. Avec mes marionnettes, à défaut de gagner, je peux te donner le temps de fuir. » C'est faux.

« C'est une question de ne pas abandonner Nakai ! Tu défends, avec ton rempart de bois et ton géant d'acier, j'attaque avec ma fronde. Même à un contre trois, les défenseurs d'une forteresse ont une chance. C'est une tactique qui a marché, c'est notre stratégie. Nous avons nos chances !

-Ce serait bête de croire que c'est quitte ou double ; s'ils voient qu'ils ne nous auront pas, ils fuiront et reviendront plus nombreux.

-Nous aurons le temps de disparaître d'ici là. » Il se fige. « Le code des samouraïs Nakai, tu l'invoques à tout bout de champ mais tu oublies les paroles les plus importantes de la philosophie des samouraïs : mieux vaut avoir une bonne mort qu'une vie de lâche. Mieux vaut connaître une fin digne, que vivre comme un rat, à appréhender le lendemain et chaque lever de soleil comme une nouvelle chasse qui se lance à nos trousses. Tout ce que tu invoques pour que je te laisse en arrière, ça tient aussi pour moi. Je ne pourrais plus me regarder dans un miroir en te laissant seul. » Mon compagnon de toujours secoue la tête.

« Je suis désolé, tu as essayé. Mais je m'en voudrais de causer ta mort alors que tu peux aller encore loin, si tu arrêtes d'utiliser tes yeux, le fameux sharingan, personne ne saura jamais rien de ton identité.

-Une nouvelle fois je m'en moque. » Ironiquement, ce ne sont pas mes dires de ninja qui me font peur, c'est aussi moi, en tant que femme, ce qui pourrait m'arriver. « Un jour en parlant avec ma cousine, je me suis fait une promesse. Je me suis jurée que mon grand amour de jeunesse, celui dont je parlerai à mes enfants, serait aussi leur père. J'ai peut-être aimé d'autres garçons avant toi, mais aujourd'hui j'en ai la certitude : tu es celui avec qui je veux me construire un avenir. Tant pis s'il n'a que quelques heures devant lui. » La résignation dans son regard me tue.

Il est déterminé à mourir pour m'offrir une chance de quitter tout ça, mais le jeu n'en vaut pas la chandelle. Si c'est pour que je passe le reste de ma vie à ruminer une vengeance envers mon clan, à regretter Nakai, c'est inutile. Mes yeux s'ouvrent, ils deviennent rouges comme le sang. Pourtant, dans son attitude, quelque chose ne va pas : je le sens à ses gestes, à ses spasmes, comme si tout cela allait en rester ici. Je ne pige plus rien.

« Tu ne lâcheras pas le morceau hein ?

-Non.

-Alors, » Il tire un grand rouleau de stockage de son sac à dos et le déroule au sol. « Nous nous reverrons au Nirvana. »

Devant mes yeux ébahis apparaît Kongo, le géant d'acier et de bois. La colossale marionnette nous domine d'un bon mètre. Nakai se glisse à l'intérieur et le titan s'éveille. Si mes yeux peuvent déchiffrer parfaitement un corps humain, chaque geste, chaque effluve d'énergie, il m'est impossible de deviner les prochains mouvements d'une marionnette. Les autres Uchiha à nos trousses, eux non plus, ne peuvent pas.

Malgré ses airs inhumains, Kongo la montagne de bois pose un genou devant moi.

« Grimpe sur mon épaule, la forteresse a besoin de sa défenseur. » J'ai un sourire faible.

Mourir en héros ou vivre en guerriers, quelle différence pour nous les ninjas ?
Mar 10 Nov - 13:21
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