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Âme de fer, corps de porcelaine. [Pas libre]
Miura Kana
Miura Kana
Jônin d'Iwa
Messages : 40
Date d'inscription : 02/08/2020

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Jônin d'Iwa
C’est un rai de lumière qui me tire de mon sommeil, alors que l’aube vient tout juste de s’achever, donnant à la pénombre de notre chambre une teinte chaude. Derrière la fenêtre et le coupe vu en papier de riz, le jour nous attend, le village s’éveille tout doucement et avec, ses habitants. Mon regard se porte instinctivement vers Yukika, qui dort paisiblement à quelques centimètres de moi, recroquevillée autour de mon bras, puis le filet de bave qui s’écoule de ses lèvres attire mon attention : c’est définitivement ma frangine. J’ai un bref coup d’œil vers la tache bleu foncée sur mon oreiller : c’est de famille. Je laisse retomber ma tête un peu plus loin, avec un soupir discret, mes yeux sondent le plafond avec une certaine fatigue : le jour n’a même pas encore commencé, pourtant, quelque part, j’aurais souhaité qu’il ne démarre pas. L’ambiance tiède des nuits d’été s’évapore peu à peu, pour laisser place à la chaleur moite typique de la saison, encore un mois avant que les pluies torrentielles ne reviennent. Plus on traîne au lit, plus nous aurons besoin d’un bain.
Puis je réalise que, nonobstant (oui) l’ambiance tiède, Yukika a besoin d’un bain et par extension, moi aussi puisque nous dormons ensemble. Son kimono est trempé, le tissu lui colle à la peau, malgré tout, son visage affiche une tranquillité d’esprit qui est contagieuse. J’imagine que je peux lui offrir quelques minutes de plus, j’essaie de dégager mon bras avant d’échouer lamentablement, elle resserre son étreinte à la seconde où je tente de m’extraire. Un peu forcée, je passe une main dans ses cheveux, pour démêler les nœuds qui se sont formés durant la nuit, mais aussi pour la réveiller.
Elle ouvre péniblement les yeux avec un sourire.

« Il est l’heure. » Je me redresse péniblement, dans une vaine tentative de montrer l’exemple, alors qu’un bâillement trahit ma véritable opinion.
« C’est aujourd’hui. » Ma benjamine se rapproche un peu plus de moi, déterminée à profiter de ces derniers instants.

Toutefois, sous cette proximité de façade, je crois discerner autre chose ; sa nuit a été trouble, des cauchemars, ou ses terreurs nocturnes ? Elle s’est glissée insidieusement de son futon au mien, son kimono est trempée, certains signes ne trompent pas.

« Reste un peu au lit, je vais préparer le thé. » Cette fois-ci, Yukika ne me retient pas.

J’abandonne le confort de mon futon, refait le nœud de mon kimono de nuit et part dans la cuisine : je tire un peu d’eau du bac, suffisamment pour remplir une bassine et une théière, puis m’attelle à la préparation du petit déjeuner. Du riz, des haricots rouges et du poisson séché, rien d’extraordinaire, mais suffisamment pour nous tenir l’estomac, des restes d’hier. J’appose mes mains sur la théière et utiliser mes pouvoirs de ninja afin d’obtenir une eau bouillante en un temps record.
Une fois le repas servi et le thé mis à infuser, je vais mettre nos futons à étendre dehors pendant que ma frangine prépare la table. En la rejoignant, tout est prêt et on mange tranquillement, avec toujours ce calme forcé.

« Raconte-moi. » Allons droit au but, je n’aime pas la voir tendue. Elle a vue quelque chose, cette nuit.
« Un mauvais rêve, je n’arrivais plus à me lever. » Un jour ce sera une réalité.

J’avale difficilement mon riz devant cette constatation abjecte, la gorge nouée, j’essaie de tasser le riz avec mon thé, sans grand succès. A vraie dire, j’essaie tellement fort que je m’en fous partout. Yukika ne peut s’empêcher de glousser en me voyant incapable de boire correctement, amusée, elle renchérit de plus belle.

« C’est moi qui suis malade, pas toi.
-Je n’ai qu’un œil, j’ai toujours eu du mal avec la perspective. » Une excuse que je sors un peu trop souvent pour justifier mes frasques.

Je suis borgne, techniquement si je regarde le bain des garçons aux sources chaudes, c’est bien car je ne peux jeter qu’un coup d’œil non ?

« La perspective au fond d’un bol de thé. » Ma sœur dissimule son petit rire d’une main devant ses lèvres. « C’est nouveau, tu ne disais pas ça avant. » Elle termine son petit déjeuner sur cette victoire et moi, sur cette piteuse défaite.

On prend chacun notre tour une toilette de chat avec la bassine, un chiffon humide et un peu d’eau savonneuse : si nous allons aux bains publics, ce n’est pas une raison pour y aller en étant sale, même si c’est pour nous laver. On enfile des frusques plus correctes et nous partons en direction des thermes.
Je ferme l’appartement derrière-nous : Iwa offre une suite à chacun de ses jônins, dont ils disposent comme ils l’entendent, la plupart s’en servent comme casernements, d’autres les transforment en entrepôts. Pour ma part, c’est devenue ma maison et celle de Yukika, je suis tout le temps en ville pour assurer mes fonctions de gardienne de la paix. Ma sœur préfère vivre avec moi plutôt que seule dans l’un des logements du centre-ville, qu’elle juge trop luxueux pour son travail de formatrice à l’académie.
A vraie dire, cela me rassure : je ne serais pas à mon aise si elle vivait seule. Quand c’était le cas, je passais mes journées avec elle, aujourd’hui c’est l’inverse, mon logement de fonction est plus proche de ses lieux favoris. Bâti sur le modèle d’une petite forteresse, les habitations sont organisées autour d’une cour centrale, qui sert de place d’armes autant que de jardin zen, en fonction des humeurs de chacun. Je prête mon bras à Yukika, en lieu et place de sa canne, elle s’y appuie volontiers et nous marchons lentement vers les bains publics. C’est jour chômé aujourd’hui, personne ne traîne dans les rues, tout le monde dort encore un peu. Les sources sont vides, à notre arrivée le responsable inscrit simple notre nom dans le registre, nous payons à l’année.
L’eau chaude est une bénédiction, une fois propre, on fonce au bassin. Canne ou pas, perspective ou pas, ce n’est pas nos handicaps mutuels qui vont nous ralentir. Pouvoir se détendre au bain, avoir de l’eau chaude jusqu’aux épaules, ne pas être obligé de s’écraser dans un baquet. Les sources chaudes d’Iwa méritent largement toutes les guerres que nous pouvons mener. Un baigneur confirme mes dires en nous rejoignant dans l’eau, de son côté du bassin évidemment : il y a une cloison en bambou qui sépare les hommes des femmes. En voyant ma frangine faire quelques brasses à l’écart, je la rejoins.
C’est l’heure de commérer !

« C’est Tatsui. » Glisse-t-elle, derechef. Evidemment, de leur couple, il fallait que son ex garde une seule habitude : les bains chauds, à l’aube, durant les congés.
« Orochi est au courant ? » Elle secoue la tête, préférant clore ses yeux et profiter de la chaleur.
« Non. » Le contraire eu été étonnant, en espérant que le sujet soit abordé le moins possible : on ne parle jamais de ses anciennes relations. « Yu ?
-Il sait.
-Il sait tout ?
-Pourrions-nous savoir sans tout savoir ? »
J’ai eu une liaison avec Futaba.
Une rousse un peu trop rêveuse, un peu trop hédoniste, un peu trop égoïste. Avec ses bésicles de cuivre, toujours plongée, toujours plongée dans mes kimonos, toujours plongée dans ceux de Yu.

Certaines personnes trompent leur partenaire, d’autres poussent le vice et mènent une double vie. Si j’ai du mal avec les premiers, j’ai bien plus de rancœur envers les seconds : quelle ne fut pas ma surprise lorsque Yu m’avoua qu’il avait eu une relation avec Futaba. Alors que moi-même, au même moment, à la même époque, j’en avais une avec elle. Littéralement, avant que nous devenions un couple, nous sommes sortis avec la même personne, en simultané. L’explication qui en découla fut un long instant de gêne et de désillusion concernant notre ratte de bibliothèque.

« Non. » Admet Yukika. « Tu parlais de Fu’ ?
-Oui.
-Sait-il pour moi et Orochi ?
-Oui, sinon ça ne serait pas un double rendez-vous.
-Tu aurais pu lui faire la surprise. »
Glisse elle, l’air de rien.
« Car s’en est une pour Orochi ? » Sourire, « par les kamis, il fallait que tu joues à ce jeu.
-Allons, nul besoin de lui en faire part. Il découvrira sur le tas, je voulais partager cette journée avec toi, mais aussi mon petit copain.
-Quand j’entends le mot petit copain, je sors mon kanabo. »
Ma frangine glousse.
« Tu m’aideras à choisir un kimono pour le festival, n’est-ce pas ? » Evidemment !

***

Quel kimono ! Une magnifique étoffe bleue avec des fleurs jaunes, au niveau des accessoires, Yukika a sorti le grand jeu : un éventail de papier aux couleurs d’Iwa, brun avec le symbole de la roche en blanc. Sans compter les bracelets de tissus qui recouvrent ses avant-bras, lui dévorent la base des mains jusqu’au coude, des bandes de soie rouges que j’ai dû nouer moi-même à ses bras. Enfin, c’est une canne d’ébène, avec une poignée à l’effigie d’une cigogne, qui lui sert à garder l’équilibre. Une pièce de bois massive qui m’a coûté un mois de solde. Si pour les petits trajets elle prend appui sur moi, cette après-midi et ce soir, je ne pourrais décemment pas la soutenir tout du long. Comment pourrais-je trouver un cadeau surprise à ma sœur si elle ne me quitte jamais ?
Bien sûr, Yu ou Orochi pourraient la soutenir, mais une dame doit avoir son indépendance.
D’ailleurs, en parlant des garçons, ils ne devraient pas tarder à arriver.
Nous avions rendez-vous en fin d’après-midi pour le festival d’été, l’occasion de sortir les yukatas. Ils ne devraient plus tarder, nous sommes à l’entrée du festival, les lampions sont de sortie.
Ils ne vont pas nous poser un lapin quand même, j’ai sorti mon plus beau short !
Si Yukika a choisi sa plus belle tenue, j’ai opté pour quelque chose de beaucoup plus pratique : short noir qui m’arrive jusqu’aux genoux, chemise à manche courte bleu ciel avec des fleurs roses brodées sur le coton, sandales brunes. C’est une balade au festival d’été, pour célébrer la saison chaude et profiter de la fraicheur du soir, pas un mariage. Ou du moins, pas encore, si je n’ai pas l’intention de demander Yu en mariage cette année, je sais qu’un jour, il faudra le faire : cela va faire neuf ans que nous sommes ensemble, neuf ans avec la même personne. Je m’en souviens comme deux gouttes d’eau : le jour de sa déclaration, j’ai appris à Yukika à danser, à l’époque où elle le pouvait encore.
Cette pensée m’emplit d’aigreur, une remontée acide que je peine à contrôler et m’arrache un soupir agacé.

« Qu’est-ce qu’ils font ? » Si tu ne peux pas dissimuler ta colère, tu peux lui suggérer une origine, factice ou véritable.

Puis Yu apparaît à un angle. Qu’il est beau !
Comme si une statue avait pris vie, avec ses traits bien dessinés, ses cheveux blancs de fantôme et son regard acier. Morphologie de sabre : équilibré, sculpté, uniforme. Les épaules carrées effacent un peu sa clavicule tombante, avec son dos taillé avec une finesse inouïe. Il est fort sans être massif, bien proportionné et surtout.
Et surtout.
Le pack de six !
Pendant que d’autres gueuses écopent de ninjas mieux bâtis mais cons comme des briques, moi j’ai le mélange parfait : beau, intelligent et solide. Pendant que les autres ont des ours et des phacochères en rut, moi, j’ai mis le grappin sur un magnifique jaguar. Le roi de la jungle m’appartient, encore mieux, je suis un peu plus grande que lui, ça me fait un nounours à prendre dans mes bras avant de l’emmener au lit. J’ai tiré le gros lot et je le défendrai férocement, un gros lot qui s’appelle Yu Satonaka.
J’ai un frisson bienheureux en le voyant passer une main dans ses cheveux. Oui, c’est ça mon homme mesdames, je vous laisse le reste. En parlant de ça, je détecte quelques regards envieux dans sa direction, très vite, lorsqu’il arrive à ma hauteur, je me jette à ses lèvres et le prends dans mes bras. Même dans une tenue aussi décontractée que la mienne, il suscite les regards.

« Cela faisait longtemps Yu. » Esquisse ma sœur, heureuse de le revoir. « Tu n’aurais pas vu Orochi ?
-Si,
» arrive-t-il à articuler lorsque je cesse de lui voler son souffle. « Il arrive d’ailleurs. » Nos regards se tournent vers lui.
« Motomotank !
-Otomo.
-Orochi. »
Ven 7 Aoû - 2:42
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J’avale ma salive devant le reflet du miroir. Ce n’est peut-être pas aujourd’hui que j’aurais des muscles, mais je peux au moins jouer le cache misère. J’attrape mon plus beau kimono, le seul qui ne soit pas sale ou patché avec des morceaux de tissus, et je l’enfile par dessus mon épaule avant de le nouer correctement. Voir la ceinture défiler dans mes paumes alors la chair ne bloque toujours pas son avancée m’arrache un soupir d’agacement. Comment fait-elle pour rester avec moi ? Je me dégoûte. Le parme de mon vêtement dénote avec les tons verts et bois du reste de ma penderie. Me voilà seul avec mes choix de vie, dans cette maison trop grande pour moi. Je passe dans la salle de bain.

Une fois nu dans la bassine, je réalise première qu’avoir attaché mon kimono précédemment était une idée de merde, mais surtout qu’elle était là pour me faire peur plus qu’autre chose. Aurais-je besoin de me sentir faible ? L’eau chaude coule le long de mes épaules frêles alors que je presse l’éponge de fortune. Si l’eau chaude aide à réfléchir, mon esprit reste captivé dans les bulles de savon. Je prends un instant pour laisser plonger ma tête en arrière. Depuis l’autre côté du ménisque, le plafond danse au gré des ondes que mes mains tremblantes font à la surface. Je pourrais dormir, incapable de me rendre compte que mes réserves d’oxygène s’amenuisent. J’émerge en reprenant mon souffle, manquant de me noyer seul dans ma baignoire, la langueur de ma journée de travail pour seul spectatrice.

Une pensée me traverse l’esprit comme un carreau d’arbalète. Ce soir, je revois Yukika ! Son parfum, sa frimousse souriante et sa joie de vivre, ce soir ! La banane se dessine sur mon vissage alors que l’eau coule de plus en plus vite sur mon corps, je finirais de frotter un autre jour, ce soir on m’attend ! Tel un papillon, j’étends mes pattes pour me lever de la baignoire et attraper une serviette sèche. Pas le temps de sentir la brûlure du tissu sur ma beau, je dois être sec rapidement, je n’ai pas envie de manquer quoi que ce soit !

Retour dans le salon, mon armure semble me regarder avec un grand sourire. Pas d’effusions de sang aujourd’hui, j’ai économisé beaucoup de temps qui m’a permit de me morfondre sur ma condition dans ma toilette. Elle semble heureuse de me voir de meilleure forme, et moi donc ma petite, et moi donc ! Je renfile mon kimono et avale un morceau de pain que je bourre au fond de mon estomac avant de faire claquer la porte en sortant. Peu-importe si la serrure reste ouverte, on pourra tout me prendre, mais pas Yukika ! Car ce soir, elle est avec moi !

Ah si, faudrait pas qu’on me prenne ma cuirasse. Les passants se délectent de mes pas qui font demi-tour dans leur élan. Je manque de me fracturer le nez sur le pavé et de servir de première attraction du festival nocturne alors que je me précipite sur la serrure que je ferme à fond. Le bois chante dans mes oreilles une douche chanson alors que je cours dans la rue pour rejoindre ma dulcinée. Me voilà, j’arrive, ma chérie !


***

La rue s’agite dans tout les sens, mais même là je passe pour l’excité de service. Mes épaules font la guerre au dos des autres usagers de la voie, m’octroyant insultes et réprimandes que je n’écoute même pas d’une oreille. Les lampions rouges sont les seules marques du monde extérieur sur mon état d’extase, car ils m’indiquent le chemin vers ma dulcinée. Même les odeurs de plats festifs, même les bruits de la musique traditionnelle du village, même le monde et son immensité ne peuvent m’atteindre. Les flèches pourraient ricocher sur mon torse nu, mon coeur pourrait continuer à pomper mon corps exsangue, mon front pourrait arrêter une charge d’ours, je serais encore en vie ce soir. Le monde m’appartiens, et je sais pertinemment ce que je vais en faire.

« Motomotank !
-Otomo.
-Orochi. »


Mes pas s’accélèrent. Ma sandale se fait la malle dans la rue. Les gens défilent de plus en plus vite devant mes yeux. J’arrive à destination et Yukika se retrouve à voler dans les airs. Je ne la laisserai jamais tomber, qu’elle soit dans mes bras ou ailleurs. Le monde pourrait s’arrêter de tourner, je continuerai mon mouvement circulaire pour elle, afin qu’elle ne soit pas dépaysée. Ses cheveux et son cou m’enivrent d’un doux parfum que je ne connais pas, honte à moi. J’inspire pour rattraper le temps perdu, et cette odeur se fait immédiatement une place dans mon panthéon des meilleures fragrances. La fraîcheur du vent dissipe cette magie, mais ses cheveux restent à m’obscurcir la vue, je ne vois pas sa canne tomber au sol. Je ne l’entends pas non plus, mes oreilles ont cessé de fonctionner pour offrir plus de temps à ma tête. Le temps : il me sourit en s’arrêtant l’espace d’une éternité. Mes bras amorphes et atrophiées deviennent les plus solides du monde, tant qu’elle y reste.  Ses vêtements volent au vent et fouettent les passants, comme si j’en avais quelque chose à foutre.

Je la descend de quelques centimètres, et c’est son nez qui vient frotter contre mon front, j’approche du but. Encore un peu, et mes yeux se retrouvent alignés avec les siens. Comme une rivière qui cacherait un trésor perdu, je plonge, que dis-je, je me laisse porter ! Le cours des choses, déjà irréellement ralentis, finit de s’arrêter. Un autre monde m’accueille alors que le premiers m’éjecte dans les prunelles de ma dulcinée. Sa main me passe sur la joue, et l’intégralité de ma peau réagit telle un instrument de musique qu’on aurait effleuré. Pas besoin de bobines pour que le courant me hérisse les poils et rende l’air irrespirable. J’étouffe, je suis étranglé par sa beauté et par sa douceur.

Il faut que je reprenne une respiration.

Ma bouche trouve la sienne et dans un mélange de saveurs acidulée et amères je retrouve le chemin vers la quiétude. Nos deux êtres savent maintenant parfaitement ce que l’autre veut, elle me passe une main dans les cheveux alors que je l’attrape par le genoux et remonte sa jambe vers moi. Il n’existe aucune surface de contact trop grande pour nous deux ce soir. Le ciel envoie un souffle pour me rappeler de respirer, je ne l’écoute pas. Ma langue au contact de celle de Yukika, voilà ma nouvelle réalité, mon nouvel univers avec pour seul loi elle et elle seule. Le reste n’est que mensonges.

Je la repose au sol après un instant qui est beaucoup trop long. On me donne un coup dans le coeur, et j’ai un poing de côté bilatéral. Les gens me dévisagent, ils s’agitent et fourmillent, sauf deux.


« -Aheum, désolé de la franchise.

Comment vous allez ?


Je leurs tends ma main successivement. La gauche, celle de droite est prise par celle qui vient de redonner couleurs à ma vie.
Dim 9 Aoû - 4:04
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Miura Kana
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Otomo se jette dans les bras de Yukika, il l’étreint avec une vigueur qui me fait grincer des dents, instinct de protection oblige, sa canne tombe au sol et je la ramasse en l’époussetant, abandonnant la main de Yu. Mon homme n’en prend pas égard, il a l’habitude, il sait que mon instinct est parfois trop présent, je lui offre un regard désolé en m’en rendant compte et l’embrasse sur la joue. Un geste qui suffit à lui rendre le sourire, peut-être même un brin de jalousie en voyant l’attention que je porte à ma sœur.
Puis le samouraï l’embrasse en lui soulevant une jambe, à la grande surprise de ma frangine qui doit se raccrocher à lui, l’autre jambe en train de trembler à cause de la maladie. Mon sang ne fait qu’un tour et c’est bien car elle accrochée à lui que je ne fais rien. J’échange un regard en apparence calme, mais bouillonnant, à Yu, qui se contente d’avoir une grimace un peu gênée. Quand les deux tourtereaux se séparent, je rends sa canne à Yukika.
Otomo est tout gêné par cette effusion d’amour, je garde un air détendu, c’est donc lui qui va s’occuper de ma petite sœur ? Je le jure que même dans un bain de glaçon après avoir passé trois ou quatre heures avec mon homme, j’aurais encore assez d’énergie pour lui botter les fesses. Zen Kana, il ne s’est rien passé, tu t’énerves pour rien, ta cadette a toujours été un point faible, inutile de se mettre en rogne pour si peu, Otomo ne connait pas la maladie aussi bien que toi. Ce n’est pas parce que ton cœur et tes trippes s’accordent à en faire un tabouret humain que c’est une raison de se lancer : la tête froide, l’esprit qui domine le corps.
Le samouraï est dans un beau kimono, assez sobre, avec peut-être quelques erreurs de style mais rien de scandaleux : bien ajusté, couleur harmonieuse, je distingue des faux pas qui ne le sont que lorsqu’on va dans la très haute société.
Nous nous serrons la main, puis il fait de même avec Yu.
Je ne peux pas m’empêcher de le fixer de la manière la plus constante et silencieuse possible durant l’échange. Surveillance, c’est le mot.

« Ça va bien, et toi ? » répond mon homme, il me donne un petit coup de coude en écoutant la réponse d’Otomo.
« Ça va, j’ai hâte de profiter du festival. Yukika ? » Avec son élégance innée, ma sœur rajuste une mèche rebelle et retrouve toute son assurance en voyant mon regard.
« J’ai hâte de voir le feu d’artifice et les spectacles, comme à ton habitude, tu vas vouloir tester tous les plats disponibles, n’est-ce pas ? » Touché coulé, je dois admettre que la nourriture compose un aspect essentiel du festival pour moi.
« Les gâteaux aux haricots rouges, oui.
-D’ailleurs, »
glisse Yu. « Tu es déjà allé au festival Otomo non ? Qu’est-ce qui t’intéresses ? » Demande-t-il alors que nous nous mettons en route.

Le festival d’été est tout ce que l’on pourrait attendre d’un festival : les rues sont bondées, des lampions sont attachés aux fenêtres, parmi les stands de chaque côté des rues, on retrouve de la nourriture, mais aussi des jeux, des attractions, des boutiquiers qui essaient de vendre leurs babioles les plus exotiques.
J’aimerais trouver des mitaines qui remontent jusqu’aux coudes pour ma frangine. Pour Yu un nouvel étui pour sa lance.
Dim 9 Aoû - 11:04
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« Ça va bien, et toi ? »
« Ça va, j’ai hâte de profiter du festival. Yukika ? »

Les yeux, ou plutôt l’oeil, de Kana agit comme un seau réglé à température minimum. Déjà que j’avais les jambes tremblotantes avec l’émotion, le fait qu’elle veuille me les casser avec son regard n’aide pas à l’équilibre. Sa main quitte la mienne, et chacun de mes muscles est tatoué avec la force de sa poigne. J’ai fait un truc de mal ?
J’aperçois la canne dans sa main, une sorte de Kanabo miniature. Richement ornée, mais néanmoins présente ici car elle est tombée. Elle a probablement dû la ramasser pendant que j’étreignais sa sœur. D’où le regard plein de haine.
 Le bâton se fait menaçant, agité dans le dos de ma nouvelle belle-sœur par alliance. IL faut croire qu’après 4 de fréquentation, j’ai toujours du mal à appréhender la belle famille. À la fois la sergente dans laquelle on peut placer tout ses espoirs et la commissaire qui chasse les fuyards au kunaï, il vaut mieux aller dans son sens. Je baisse naturellement les yeux sur mes pieds à moitié dénudés. Je rattraper ma sandale au milieu de la rue voisine et enfourne mon pied dedans. La gorge sèche et les sphincters serrés, tant que personne n’aura brisé la glace ma position reste vulnérable.


« J’ai hâte de voir le feu d’artifice et les spectacles, comme à ton habitude, tu vas vouloir tester tous les plats disponibles, n’est-ce pas ? »

J’esquisse un sourire malgré moi, naturellement mon front se contracte en prévision du coup de bâton que je viens de mériter en une fraction de seconde. L’innocence de ma compagne restée un peu enfant dans sa tête, vient de sauver mon cul. Entendre le son de sa voix est un bonbon pour les oreilles. J’ai envie de me rejeter dans ses bras, ma soirée ne commence en général que lorsqu’elle m’attend du haut des escaliers à la maison lorsque je rentre. Même chose, lieu différent me dit mon coeur. Mais par les Kamis, je tiens à mon cerveau*, autant faire profil bas.

« Les gâteaux aux haricots rouges, oui.

-D’ailleurs, Tu es déjà allé au festival Otomo non ? Qu’est-ce qui t’intéresses ? »

La question me prends de court, je baisse les yeux vers le sol. Je suis un bien mauvais patriote. Je peux me targuer de faire couler le sang pour mon pays, mais il ne m’est jamais venu à l’idée d’aller me balader dehors pour célébrer les effusions. Prendre soin des miens ou de mon jardin sont bien plus haut sur la liste des priorités quand je suis en permission. Je n’ose pas lui dire que si je suis ici, c’est avant tout pour les accompagner eux, plutôt que pour l’ambiance un peu trop agitée pour moi.

Une main se glisse dans la mienne alors que je regarde à ma gauche. Le sourire de ma compagne me sort de mon questionnement. J’esquisse une petite moue en retour, la tête penchée en avant pour pouvoir contempler plus que le haut de ses cheveux magnifiquement coiffés. Le bruit irrégulier de la canne quand nous nous mettons en route me fait tiquer : je lui prends la mauvaise main. Pour libérer sa main droite, j’esquisse un petit tour autour d’elle et plonge mes phalanges dans les siennes, maigres et frêles.

Les mains d’une femme sont le reflet de sa douceur et de sa bienveillance, de tout ce qu’elle peut apporter de bénéfique à un foyer. La première fois que j’ai vu celles de Yukika, elles étaient à l’arrêt, posées sur la table à l’académie. Rien de surprenant à cela, mais c’est en plongeant dans mes pensées et oubliant que je les fixait qu’il m’a été donné de voir un ballet millimétré quand elle a cherché dans son sac. J’ai encore des frissons en y repensant, les sentir dans ma pogne me fait peur, comme si je tenais un petit oiseau encore fragile au creux des paumes. J’espère qu’un jour je pourrais y mettre un anneau.

Retour à la réalité, j’avale ma salive bruyamment en constatant que Kana et Yu me toisent dans l’attente d’une réponse. Je n’en sais rien, le monde de la nuit est nouveau pour moi. Les seules visites nocturnes qui me connaissent sont en territoire ennemi, ou en passe de le devenir. La musique, les lampions et les odeurs me stimulent trop, j’ai du mal à réfléchir.


« -Oh, je n’ai pas de préférence, c’est ma première fois ici. »

On espère toujours que la réponse bateau soit celle qui satisfera l’auditoire, mais compte tenu de sa composition, il se peut que ça ne passe pas. La musique se calme et mes yeux se ferment de moitié, qu’ais-je envie de faire de plus que de retrouver mon rossignol ? Mon ventre m’interrompt dans ma réflexion en grognant. C’est déjà une piste. J’élève la voix de manière un peu hasardeuse, si les Kamis ne les font pas m’entendre, c’est que ça n’en vaut pas la peine.

« -Mais je dois admettre que de manger autre chose qu’une ration de riz me changerait... »

Aucune réaction de la part des autres, pas même de Yukika. M’ont-ils entendu au moins ? Je serre un peu plus sa main pour me réconforter. Au moins, elle est là et m’écoute, c’est tout ce qu’il me faut pour que la quiétude reviennent dans mon esprit.
Lun 10 Aoû - 13:07
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« Moi aussi, j’aimerais changer un peu de cuisine. » Rigole Yu en voyant mon visage se décomposer. « Ne t’inquiètes pas Kana, j’aime bien ce que tu me prépares, en particuliers les rations que tu nous fais pour les départs en mission. Mais aujourd’hui, j’aimerais bien goûter les pâtisseries du festival.
-Monsieur est plutôt sucre que sel ? »
Demande ma frangine, comme si elle ne le savait pas déjà.
« Oui, » suis-je obligée d’admettre à mon grand regret.
« Ne soit pas salée Kana. » Glousse-t-il de plus belle. « Toi aussi, tu aimes le sucre, sinon tu ne voudrais pas tester les gâteaux aux haricots rouge. » J’ai besoin de forces.

Pour avoir de la force il me faut de la viande, que puis-je y faire ? J’aime la viande, peut-être que les autres me trouvent absolument barbare à manger du foie, des reins et même de la cervelle. Les abats se mangent et je fais la joie du boucher. J’admets avoir des goûts qui sortent de la normal, mais au moins, cela me permet de manger de la viande à tout le repas. En parlant de viande, j’ai une œillade vers Yu, oui, définitivement, j’aime aussi le muscle.

« Kana ? » La voix Yukika est étrangement joueuse, un rappel à l’ordre qui ne dit pas son nom. « Si nous sommes tous d’accords, allons au salon de thé : l’Iwajin est près d’ici. »

Nous nous mettons en route, j’ouvre la route avec mon copain, de manière à laisser un peu d’intimité à Yukika et son homme.
Je sais qu’Otomo est doux comme un agneau, qu’il faut que je lui laisse un peu d’espace pour respirer, mais je n’y crois pas. Mon cœur n’y est pas, mon instinct et mon cerveau disent que oui, c’est le gendre parfait, mais mon cœur. Mon cœur est encore crevé de haine envers Tatsui, j’ai toujours envie de le cogner et ça se répercute sur lui : je n’ai pas confiance en lui. C’est une pensée incohérente, je lui ai déjà parlé, j’ai déjà travaillé avec lui, il a une bonne éthique, pourtant il y a quelque chose de possessif en moi. Une jalousie toxique qui ne devrait pas exister, une méfiance déplacée à son égard. Otomo et Tatsui sont deux personnes différentes, l’un n’a pas à subir ce que l’autre mérite, pas au nom d’une vengeance tardive.
Au bras de Yu, j’ai la sensation de pouvoir y réfléchir sans devenir folle, sans me consumer de rage. Son calme déteint sur moi, moi qui d’ordinaire suis plus proactive, une grande sœur du régiment. Je profite de ce moment avec lui pour discuter un peu, parler de l’avenir, cela va faire bientôt dix ans que nous nous connaissons, et presque autant que nous sommes en couple. Nous avons traversé tant de choses.
Puis nous arrivons à l’Iwajin, le salon de thé où la plupart des ninjas se retrouvent. On s’installe à une table près des fenêtres, la plupart des clients sont des collègues, nous nous saluons d’un bref coup d’œil avant de s’installer.

« Alors les jeunes ? Ca fait quoi d’être majeur ? »
Lun 10 Aoû - 14:03
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« Si nous sommes tous d’accords, allons au salon de thé : l’Iwajin est près d’ici. »

Comment ne pas être d’accord avec ce petit bout de femme qui me tient le bras ? Je baisse la tête et ajuste mon pas sur le sien alors que nous nous mettons en route.

Le temps est bon, le ciel est bleu foncé, resté pur de tout nuage alors que la nuit vient camoufler sa couleur au yeux des mortels. Dans les rues, il commence vite à faire chaud : un savant mélange d’agitation humaine et de caprices météo font qu’il va vite falloir trouver un endroit où se poser au frais. Un salon de thé remplira forcément cette fonction. Si en plus, ça peut délier les langues, j’apprécierais. Le silence commence à peser lourd sur notre groupe de 4. La traversée des rues est chaotique à cause du peuple présent, on se retrouve fréquemment fractionnés en plusieurs binômes aléatoires. Si ça ne me gêne pas, ça rend par contre les discussions compliquées. Je ne dis rien et baisse les yeux, tenant péniblement la main de Yukika quand il faut se faufiler entre des murs de clients sur la place marchande ou escalader des marches pour accéder à l’étage supérieur de la ville.

Une fois arrivés devant l’Iwajin on se regarde mutuellement avant de passer la porte en bois. Nous arrivons tout de suite dans une grande salle où le parquet dénote des murs, où les rideaux sont mal épinglés aux murs, et infesté de monde. Je réprime un couinement de panique. L’erreur n’est plus permise, car tout ces gens sont des collègues à Kana : si lors d’un duel je peux minimiser les dégâts, dans une baston de bar sans mon armure, je ne donne pas cher de ma peau. Je serre la main de Yukika. Elle me lance un regard enjoué, amusé, comme si tout cela ne lui traversait pas l’esprit. J’esquisse un sourire timide, trop artificiel pour être vrai. Si cela me soulage de la voir souriante, ça me gêne toujours de me dire que je suis coincé en territoire ennemi. J’aurais le droit à un débat sur mon attitude quand on rentrera.

La serveuse en kimono nous indique une table de quatre, cachée au fond de la salle par un comptoir servant à mettre en valeur la décoration intérieur bien chiche. On s’installe alors que je manque de me prendre les pieds dans le tapis trop épais, et une fois assis comme je peux sur une chaise en bois aussi rigide que le haut commandement de Suna, j’ouvre la fenêtre et essuie mon front. Un peu d’air frais me fait du bien.

Une main se pose sur la mienne, cachée sous la table. J’ai un mal fou à ne pas me retourner vers ma femme. Je sais, je suis un stressé de la vie, un anxieux social incapable de profiter du moment, j’ai déjà entendu tout ça. Je ferme les yeux et éponge encore mon front. J’ai qu’à me dire que c’est un signe pour dire qu’elle est contente de me retrouver. Mon absence était d’une semaine, c’est compréhensible… Je n’ai qu’à me dire ça. Je ne suis pas persona non grata, ni assis sur la sellette, je suis juste pas capable de voir qu’on est content de me retrouver. La caresse du pouce qui s’agite à l’intérieur de ma paume m’indique que ce n’était pas si con que ça. Je soupire violemment. Ça va aller.


Kana se penche en avant et croise les bras sur le rebord de la table. Je serre les fesse, j’ai toujours détesté les interrogatoire, peu importe le côté du bureau.

« Alors les jeunes ? Ca fait quoi d’être majeur ? »

Question piège.

Ma langue devient pâteuse dans ma bouche, je cherche du regard la serveuse pour jauger du temps qu’il me reste à me dessécher. J’essaie toujours d’avoir une gourde avec moi, même vide. Je peux faire semblant de prendre une gorgée quand je ne sais pas quoi répondre. Là, c’est panne sèche.

Je pourrais lui dire que ça ne change pas grand-chose, et passer pour un amorphe. Kana la protectrice qui attend de moi que sa sœur devienne la plus grande princesse du royaume. Je lui ai déjà fait comprendre que ce n’est pas l’envie qui manque, mais les Kamis m’ont fait mortel. J’ai appris à encaisser quand on me reproche mon incapacité à faire des miracles pour la meilleure femme du monde, il n’en reste pas moins que si je me définis par ça, ça va être compliquer de la faire venir aux noces. Option un : coup de bâton.

Je pourrais lui dire que je suis fou de sa sœur, et que mon premier acte serait de lui passer la bague au doigt. Allez imaginer le choc : un berger n’aime pas qu’on lui enlève son plus bel agneau, même si c’est pour le bichonner et le rendre plus heureux qu’il ne l’a jamais été. Pour que mon futur mariage ne se transforme pas en guerre civile, je présume qu’il faut que je me taise. Option deux : coup de bâton.

Je pourrais aussi tenter une feinte, prendre mon plus beau sourire et lui dire que je peux enfin boire légalement. Elle sait très bien que je le fais depuis quelques années. Option trois : coup de bâton, évidemment.

J’avale ma salive mais celle-ci se bloque en plein milieu de ma gorge quand mon rossignol prend la parole. Je me noie dans mon propre jus de bouche amer et sec alors que je l’écoute.


« -Savoir qu’on va enfin pouvoir se marier est un cadeau des Kamis. »

Sourire béant sur son visage, sourire crispé sur le miens. Je sonde la prunelle de ses yeux pour savoir quoi répondre. Kana doit fulminer et Yu se foutre de tout se spectacle. Je serais presque jaloux de sa prestance. Je bégaie.

« -Ou-Oui… c’est sympa, c’est vrai…

J’ai juste… J’ai peur de pas être à la hauteur… Vous savez c’e-»


Les ongles me rentrent dans la peau. J’ai dit une connerie, elle me le fait savoir. Je coupe ma phrase, l’adrénaline monte au cerveau, je descend d’un cran et m’adosse sur ma chaise, puis croise une jambe.

« -Je vais aussi pouvoir passer carriériste au boulot, j’ai peut-être une chance de pouvoir te couvrir de cadeaux au final. »

Plus c’est gros, plus ça passe. Je plonge dans les yeux de celle que je veux épouser.
Mer 12 Aoû - 17:26
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Miura Kana
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Jônin d'Iwa
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Jônin d'Iwa
Otomo est tendu, je le vois à sa manière de se tenir, son comportement, les subtils mouvements de mains sous la table, des contractions discrètes qui n’échappent à mon regard, sa réponse qui tarde à venir. Je vois bien qu’il voit prend cette conversation au sérieux, un peu trop peut-être, j’ignore si c’est à mon avantage, ou au contraire à mon inconvénient. Ce soir est une soirée paisible, cela va faire quatre ans qu’ils se connaissent et Yukika sait se prendre en charge, sinon elle ne maîtriserait pas le bakuton, j’ai confiance en elle pour desceller un éventuel changement chez son homme. Elle n’est pas le genre à se transformer au martyr une fois qu’elle est mariée, du moins, je l’espère.
J’ai toujours cette peur irrationnelle qui le lui arrive quelque chose, un doute insidieux qui me poursuit qu’importe le moment. On ne passe pas une vie à surveiller sa sœur du coin de l’œil, pas sans garder des angoisses qui n’ont pas lieu d’être. De toute façon, je suis bien plus heureuse de voir ma frangine avec Otomo qu’avec Tatsui, ce traître.
En attendant leur réponse, j’ai un long soupir déçu, les jeunes ne savent plus assumer de nos jours. Je me souviens, quand je suis devenue majeur… En fait, je réalise que je ne me souviens plus de ce que j’ai fait quand j’ai atteint l’âge légal pour être alcoolique. J’ai dû fêter cela avec un verre de saké. Puis ensuite les classiques mensonges pour se donner bonne conduite en société : comme quoi j’étais fière d’être une ninja de confiance, une soldate d’Iwa qui pouvait se prendre en charge elle-même, qui n’était plus responsable devant ses parents. Enfin si, il y a eu un évènement, Dojima, Maeda, notre petite bande inséparable de l’époque. Oui, mes dix-huit ans ont été agités.
Mais justice a été faite, je n’ai pas de regrets.

« Quatre ans qu’ils se connaissent et ils veulent déjà se marier. Nous avons le double au compteur et on envisage seulement l’union. » J’ai un gloussement, est-ce que j’étais aussi passionnée à cet âge ? « C’est mignon. » Ils sont mignons.
« Je vais être jaloux d’Otomo. » Grince Yu sur un ton pince sans rire. « Tu le croises au travail, tu le croises dans ta vie personnelle.
-Toi aussi, je te vois au travail.
-Pas assez. »
Me répond-il, maintenant avec de grandes difficultés sa façade austère, il doit crever de rire à l’intérieur, mais ce soir il est d’humeur taquine.
« Nous travaillons dans la même unité de police militaire, dans le même groupe, dans le même bureau. » Il n’en peut plus et a un rire. « Patate ! » Nous sommes tout le temps fourrés ensemble, quand je ne suis pas avec ma sœur, je suis avec lui. J’ai un sourire. « Les garçons vous êtes incorrigibles, Yukika vit chez moi et vous, vous en faites des caisses pour nous voir. Bientôt nous vivrons à quatre dans un logement conçu pour un.
-C’est une invitation ? »
Renchérit Yu.

Je me tais, rouge comme une tomate. Mais pas pour les mêmes raisons, j’ai un mauvais regard, un très mauvais regard, dans la direction d’Otomo, Yu pince les lèvres d’une manière très diplomate en saisissant l’objet de mon courroux.
Derrière Otomo, Tatsui, à une table avec deux collègues.
Je ne dis rien et recentre mon attention sur le thé, esquissant un faux sourire.

« Il va y avoir des activités en groupes si je me souviens du festival de l’année dernière, » que j’annonce, dans une tentative de remettre la conversation dans le droit chemin. « On reste où on retourne voir les échoppes ? »
Mer 12 Aoû - 20:53
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« Quatre ans qu’ils se connaissent et ils veulent déjà se marier. Nous avons le double au compteur et on envisage seulement l’union. C’est Mignon. »

Des bulles se forment dans ma tasse alors que je soupire de soulagement. Le sentiment de ne pas se prendre de coup de bâton dans l’immédiat est un réel plaisir. Mes yeux se ferment d’un cran et l’odeur du thé devient ma seule occupation. Juste parfumé comme j’aime, chaque gorgée est un nœud en moins dans les muscles. J’ai eu une rude journée, mais il faut croire que les Kamis m’autorisent à me reposer sans ennuis ce soir. Je laisse mes oreilles vagabonder de table en table, sondant les conversations et écoutant les voix chantantes. Ma langue est occupée à goûter le thé, mes jambes sentent un petit courant d’air rafraîchissant sous les tables, conséquence de la porte restée ouverte. Ce n’est pas désagréable. Kana glousse et ma conscience se libère.

« Je vais être jaloux d’Otomo. »

Je manque de m’étouffer. La porcelaine tape contre le fond de la soucoupe. Un peu de liquide reste bloqué dans ma barbe et s’écoule lentement sur mon kimono propre. Le plus gros effort est de ne pas laisser tout sortir en spray, de rester civiliser devant une allégation telle. Mais pourquoi dis-tu ça mon ami ? Que te passe-t-il par la tête ? Je prépare déjà deux ou trois répliques passe partout pour calmer le jeu, je refuse toute escalade du conflit ce soir.

« Tu le croises au travail, tu le croises dans ta vie personnelle. »

Oh garçon, c’est reparti pour un tour. Déjà que Yukika me reproche d’être trop souvent sur le terrain alors que j’aurais pu signer pour la troupe de divertissement, pas ça. Si j’étais devenu chanteur diphonique attitré on m’aurait reproché de me planquer pour profiter des femmes restées à la maison. Yu ne s’est-il pas demandé si c’était normal ou non ? Je repose ma soucoupe et ma tasse sur la table nappée.

« Allons, il ne sert à rien de faire de crise de jalousie, c’est strictement professionn...

-Toi aussi, je te vois au travail. »

Je me tais. Tout ce qui sortira de ma bouche sera retenu contre moi. Je cherche toujours à raisonner la tempête de l’émotion, c’est ridicule. Je me renfonce dans ma chaise en espérant qu’on ne me demande pas de comptes supplémentaires. Mes yeux se tournent timidement vers ceux de ma chérie, à la recherche d’une quelconque approbation ou aide. Elle semble plutôt occupée à sourire largement, un peu bêtement. Peut-être que voir une dispute entre ma sœur et son conjoint m’aurait amusé, moi aussi. Si j’en avais eu une, bien entendu.

« -Pas assez. »

Comme je dis si bien, plus les phrases sont courtes, plus les coups sont durs. Quand on en arrive aux cris bestiaux, c’est qu’on est sur un champ de bataille : ça fonctionne même dans les extrêmes. Je me réjouis silencieusement qu’ils prennent la peine d’articuler. On aura peut-être le temps de s’éclipser avant que ça dégénère.

« Nous travaillons dans la même unité de police militaire, dans le même groupe, dans le même bureau. »

Le rire de Yu me coupe dans mes élucubrations. Je décroise les bras.

C’était de l’humour depuis le début. Des rigolades, des boutades entre gens qui s’apprécient. Je n’ai jamais compris comment on pouvait faire sembler de se détester pour resserrer des liens : c’est comme beaucoup de choses, j’ai appris à m’adapter plus qu’à comprendre. Le fou rire se communique à tout les convives sauf moi. Je laisse échapper un petit « Ne me faites plus jamais ça » et m’éponge le front. Il faut arrêter de jouer au manège avec mon coeur, sinon je vais mourir à vingt deux ans.

« Les garçons vous êtes incorrigibles, Yukika vit chez moi et vous, vous en faites des caisses pour nous voir. Bientôt nous vivrons à quatre dans un logement conçu pour un.
-C’est une invitation ? »

Je visualise Kana assise tout les repas face à moi avec son bateau. J’imagine Yu sortir du bain peu vêtu et captiver le regard de Yukika. C’est un non catégorique. Je ne sais pas laquelle des deux raisons est la principale, mais elles sont toutes les deux éliminatoire, rédhibitoire. Je veux bien faire des efforts et déménager ma dulcinée chez sa sœur à chaque fois que je pars, ce n’est pas pour autant que ça me laisse indifférent. Il y a des choses que je tolère, d’autre que je ne tolère pas mais laisse passer, mais ceci ne fait partie d’aucune des deux catégories.

« Je vais me permettre d’émettre un petit désaccord sur la chose. »

La tension est palpable. On va me reprocher de ne pas être un échangiste ? Par les Kamis, qu’on  me foudroie la colonne si c’est ce tournant là que le monde prend. Le regard de Kana se durcit et se fige. Ses joues virent au pourpre. Mon corps réagit de même, je glisse la main dans mon kimono, fouillant mes poches à la recherche de mon Tessen. Durant quelques minutes, nos regards s’affrontent, laissant court à l’acier bouillant qui y réside. Je ne sais pas pourquoi elle fulmine, mais c’en est trop, je ne me laisserait pas faire. S’il faut que je défende ma volonté de ne pas partager ma femme avec un éventail tranchant, ainsi soit-il. Ça va me retomber sur le coin de la figure, mais il faut faire des concessions.

Elle s’arrête et reprends du thé. Son sourire est trop étrange pour être vrai. Je suis peut-être benêt, mais j’ai appris à ne pas froisser les gens, ça passe aussi par le décodage des mimiques. Je me retourne lentement et discrètement pour cerner la source peut-être plus juste de ces regards de mort. Trois hommes, deux gros bras et un autre plus élancé, trinquent et parlent fort juste derrière. Je connais ma belle-sœur, sa frangine manie le Bakuton, ce n’est pas le volume sonore qui la dérange. Je me risque.


« Vous les connaissez ? »
Ven 14 Aoû - 14:18
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Miura Kana
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Otomo se transforme en yakuza l'espace de quelques secondes, un Otomo viril qui sait ce qu'il veut, même s'il est un peu autiste dans sa manière d'aborder les choses. Eh, au moins ce n'est pas une carpette qui s'agenouille au moindre pépin, j'ai un petit sourire. peut-être que finalement, il fera un bon mari. Puis le blanc précédent revient au galop, Yu fait semblant de rien, une manière de me refiler la patate chaude, de se faire tout petit en attendant que la tempête passe.
Quel autiste, quel autiste magnifique, je crois comprendre maintenant pourquoi Yukika s’est entichée de lui : j’en connais un qui va passer ses fins de semaine à jardiner pendant que madame prend le thé avec ses copines. J’exagère bien évidemment, mais il me semble que Yukika est plus maligne qu’il n’en a l’air. Je prends une gorgée de mon thé alors qu’il aborde la question gênante.

« Tatsui, » Yukika a un sourire gêné.
« Alors, » reprend-elle, « je serais d’avis à aller faire le tour des échoppes, une fois que nous aurons terminé notre repas. »
Lun 17 Aoû - 14:53
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